CR de la visioconférence sur les cryptopaiements du 19 novembre 2020.

Dans son keynote d’ouverture, Nathalie Aufauvre (Directrice générale de la stabilité financière et des opérations de la Banque de France), après avoir souligné les enjeux des cryptopaiements pour le secteur des paiements et pour les banques centrales, a abordé successivement trois thèmes :

  • Les bénéfices potentiels des crypto-actifs, qui justifient l’intérêt qu’ils suscitent ;
  • Le besoin d’un cadre de confiance qui, loin de freiner l’innovation, la soutiendra;
  • Les expérimentations de monnaie digitale de banque centrale (MDBC) conduits par la Banque de France et par l’Eurosystème, nécessaires pour fonder une décision stratégique.

Elle a ensuite résumé en cinq « S » les enjeux qui seront au cœur de la conception et de la décision d’émettre une MDBC : Stabilité financière,  Sécurité pour garantir la confiance,  Souveraineté financière, Service aux utilisateurs et à l’économie, Synergies avec l’écosystème financier.

À propos des synergies avec l’écosystème financier, Nathalie Aufauvre a souligné que L’Eurosystème conçoit l’euro digital comme « un partenariat public-privé, dans lequel le secteur privé serait amené jouer un rôle clé, couvrant tout à la fois l’interface utilisateur, la distribution de la MDBC auprès des clients finaux et la fourniture des services à valeur ajoutée » et qu’il n’existe aucune contradiction entre l’émission d’un euro digital et le projet EPI, et que les deux « se renforceraient mutuellement ».

Lire l’intervention de Nathalie Aufauvre : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_Nathalie_AUFAUVRE_VF

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Dans son keynote de clôture, Benoît Coeuré, Directeur du pôle innovation de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), a souligné que l’intérêt porté à la monnaie numérique de banque centrale de détail s’est fortement accru depuis 18 mois, avec Libra puis la crise sanitaire. Il a ensuite partagé avec l’auditoire la vision mondiale qui est celle de la BRI.

La BRI s’est tout d’abord attachée à construire une doctrine sur ce que doit être le rôle des banques centrales dans le nouveau monde numérique, dans le cadre de leur mandat qui est d’assurer la stabilité monétaire et financière. Ceci a conduit la BRI à travailler plus particulièrement sur deux sujets : la monnaie numérique de banque centrale et les paiements transfrontières.

Benoît Coeuré a ensuite présenté le pôle innovation de la BRI, son organisation et ses travaux. Il a notamment évoqué l’expérimentation menée par la BRI avec la Banque Nationale Suisse (BNS) et l’opérateur suisse SIX pour le règlement en monnaie de banque centrale de jetons représentatifs d’actifs financiers échangés sur une blockchain.

Enfin, Benoît Coeuré a livré quelques réflexions personnelles sur les paiements en Europe, en identifiant trois principes pour guider la discussion :

  • Accepter la notion de concurrence et une philosophie ouverte (« open banking») ;
  • Adopter d’emblée une approche pan-européenne;
  • Reconnaître que le monde des paiements est un écosystème, que le consommateur a besoin de variété et que la variété pousse à l’innovation.

Lire l’intervention de Benoît Coeuré : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_Benoit_COEURE_VF

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Dans son keynote de milieu de séance (entre les deux tables rondes), Simon Polrot, Président de l’Association pour le développement des actifs numériques (ADAN), après une brève présentation de l’ADAN (créée en janvier 2020), sa vision et sa mission, a exposé les résultats de l’enquête conduite par l’ADAN sur les relations entre le secteur bancaire et financier et l’industrie des actifs numériques. Il a successivement évoqué :

  • L’historique : les banques et les crypto-actifs, une (trop) longue incompréhension ;
  • La situation actuelle:  des difficultés persistantes mais des signes encourageants ;
  • Les perspectives : stablecoins, cryptopaiements et paiements : quel futur pour la France et l’Europe ?

En conclusion, Simon Polrot a souligné que le momentum est là pour les crypto-actifs et les cryptopaiements et qu’il faut donc avancer en France et en Europe, d’autant qu’une concurrence forte se développe aux États-Unis et en Asie, ce qui nécessite une approche pas seulement défensive mais offensive.

Voir les slides de Simon Polrot : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_Simon_POLROT_slides

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La première table ronde, animée par Hervé Sitruk (Président de France Payments Forum), était consacrée à un état des lieux des cryptopaiements, avec des échanges organisés en trois temps : (a) données-clés ; (b) forces et faiblesses ; (c) questions à régler.

  • Michel Khazzaka (Head of Blockchain Practice – Payments Innovation, Azzana consulting), animateur du groupe de travail « cryptopaiements » constitué début 2020 au sein de France Payments Forum, a présenté les travaux du groupe, en particulier le « Glossaire des cryptopaiements » récemment mis en ligne sur le site de France Payments Forum[1].Il a ensuite présenté un état des lieux des cryptopaiements en 2020, notamment en termes de marketcap et d’acceptation en France et à travers le monde.

Voir les slides de Michel Khazzaka : FPF_Conf_Cryptos_19-11-2020_Michel_KHAZZAKA_slides

  • Yves Choueifaty (CEO de TOBAM) a présenté la vision de l’investisseur en crypto-actifs, soulignant que le bitcoin a les qualités nécessaires pour devenir un étalon de mesure de la valeur. Le bitcoin présente certes un risque beaucoup plus important que les autres actifs, mais cela ne l’élimine pas de l’univers des placements, car il s’agit d’un actif très liquide et diversifiant.

Voir les slides d’Yves Choueifaty : FPF_Conf_Cryptos_19-11-2020_Y_CHOUEIFATY_slides

  • Nicolas de Sèze (Directeur général honoraire de la Banque de France et Vice-Président de France Payments Forum) a présenté les travaux des banques centrales à travers le monde sur la monnaie digitale de banque centrale (MDBC), en particulier la MDBC « de détail » (retail), sur laquelle il y a eu une accélération des travaux et une multiplication des publications depuis le début 2020.

Lire l’intervention de Nicolas de Sèze : FPF-Conf_crypto_19-11-2020_Nicolas_de_SEZE_speaking_notes_VF

Voir les slides de Nicolas de Sèze : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_N_de_SEZE_slides

  • Nadia Filali (Directrice des Programmes Blockchain & Cryptoactifs, Caisse des dépôts), après un rappel des évolutions réglementaires, a présenté un panorama des initiatives internationales, européennes et nationales en matière de monnaie digitale de banque commerciale.

Voir les slides de Nadia Filali : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_Nadia_FILALI_slides

  • Stéphanie Cabossioras (Directrice adjointe des affaires juridiques, Autorité des Marché Financiers), a présenté les réglementations qui s’appliquent aux crypto actifs et aux cryptopaiements puis fait le point des travaux en cours sur la réglementation européenne, en soulignant à ce propos que l’enjeu est d’éviter que l’Union européenne soit en perte de vitesse par rapport à l’Asie et aux États-Unis.

Lire l’intervention de Stéphanie Cabossioras : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_S_CABOSSIORAS_VF

La seconde table ronde, animée par José Morata (Directeur Trésorerie-Moyens de Paiements, Caisse des Dépôts et Vice-Président de France Payments Forum), était consacrée aux perspectives des cryptopaiements.

  • Stéphane Djiane (CEO, Global POS) a présenté la problématique d’acquisition des crypto-actifs au point de vente ou en vente en ligne. Partant de l’idée que les crypto-actifs devraient avoir une véritable valeur d’échange permettant aux détenteurs de les utiliser pour acquérir un bien ou un service, Global POS s’est lancée sur ce créneau.
  • Ken Timsit (Managing Director, Consensys) a présenté la vision de la technologie et de son évolution à la faveur de l’évolution des usages. Ainsi par exemple, alors que la blockchain 1.0 servait initialement au transfert de valeur, la blockchain 2.0 sert de base à la monnaie programmable et à la finance décentralisée.
  • Christian Pfister (consultant auprès de la Banque de France) s’est attaché à explorer la place respective de la monnaie digitale de banque centrale et des stablecoins, le risque de désintermédiation et les moyens de le limiter et enfin la répartition des rôles entre émetteurs et distributeurs.
  • Nicolas Kozakiewicz (Chief Innovation Officer, Worldline), a présenté la position d’un industriel, pour lequel les opportunités consistent à tirer le meilleur parti des nouvelles technologies pour offrir le prochain véhicule de paiement. Les techniciens ont préparé les fondations, c’est aux acteurs métier qu’il revient de bâtir sur le socle ainsi constitué.
  • Cyril Vignet (Animateur Coordination Blockchain, BPCE) a présenté l’approche d’une grande banque commerciale qui a choisi de faire de la blockchain une opportunité en mettant en place une coordination blockchain qui a permis de développer avec les métiers différents projets, menés surtout sur des blockchains de consortium.

Lire la synthèse de la seconde table ronde (4 pages) : FPF_Conf_cryptos_19-11-2020_Synthese_TR2_VF

[1] Glossaire des cryptopaiements :Glossaire des Cryptopaiements FPF