Le 30 septembre, la BRI a publié  une série de trois rapports intitulés « Central banks and the BIS explore what a retail CBDC might look like »  préparés par un groupe de sept grandes banques centrales (BCE, FED, Angleterre, Canada, Japon, Suède et Suisse) et la BRI. Prolongeant le rapport publié en janvier 2020 par ce même groupe, ces trois nouveaux rapports traitent la problématique des MNBC de détail sous trois dimensions : (1) System design and interoperability ; (2) User needs and adoption ; (3) Financial stability implications

Dans le communiqué publié à cette occasion, Jon Cunliffe, sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre et co-président (avec Benoît Coeuré) du groupe de travail qui a préparé ces rapports, souligne l’importance de la collaboration entre les banques centrales et le secteur privé :

This collaborative input from a group of central banks will help make sure that innovation in an increasingly digital world, the role the private sector plays in any CBDC system to help it meet future payments needs, and how the financial system might evolve are carefully evaluated. These reports make sure these issues are at the centre of the debate on CBDCs.

Le 13 octobre, le G7 (sous présidence britannique) publiait à son tour un rapport sur les MNBC de détail « Public policy principles for retail CBDCs ». Le communiqué, des ministres des finances et gouverneurs du G7 souligne notamment que :

“Any CBDC should be grounded in our long-standing public commitments to transparency, the rule of law and sound economic governance. Any CBDC must support, and ‘do no harm’ to, the ability of central banks to fulfil their mandates for monetary and financial stability.”

“No global stablecoin project should begin operation until it adequately addresses relevant legal, regulatory and oversight requirements through appropriate design and by adhering to applicable standards (…) Stablecoins will need to be held to high regulatory standards, following the principle of same activity, same risk, same regulation.”

Le 18 novembre, Fabio Panetta (BCE) était auditionné par le Parlement européen BCE. Dans ses remarques introductives (« Designing a digital euro for the retail payments landscape of tomorrow »), il a d’abord rappelé les principales motivations d’un euro numérique :

  • Conserver un ancrage sur la monnaie de banque centrale dans un contexte de baisse de l’utilisation des espèces: In an increasingly digital economy, cash could become marginalised because it would no longer serve people’s payment needs (…) The ECB intends to ensure that people continue to have access to cash. But at the same time, we need to ensure that central bank money remains fully usable and can provide an effective anchor at a time when payment behaviours are changing. A digital euro would enable people to continue using central bank money as a means of exchange in the digital era.
  • Faire face aux avancées des big techs dans le domaine des paiements: “The presence of a digital euro could reduce the risk that the functioning of – and competition in – European payments could be altered by the dominance of digital means of payment managed by foreign-based entities and big techs with scale and information advantages. If we want to preserve an open, level playing field in payments and monetary sovereignty, we should start taking action today”.

Fabio Panetta a ensuite souligné que la phase d’investigation qui a débuté en octobre 2021 se déroulera dans un esprit d’étroite concertation avec toutes les parties prenantes :

“We will engage extensively with the public, merchants and other stakeholders during the investigation phase (…). Given the need to make the digital euro fully interoperable with existing payment services,   we have also appointed 30 senior business professionals to provide expertise from an industry perspective (…). We are [also] engaging closely with the European Parliament, the European Commission and the Eurogroup on major design issues and the aspects of a digital euro that are relevant for EU policy more broadly.”

La BCE a par ailleurs publié le 1er décembre le papier de Fabio Panetta et Ulrich Bindseil « CBDC : functional scope, pricing and controls ». Après un rappel des motivations d’une MNBC, ce papier d’une trentaine de pages examine le risque de désintermédiation bancaire  et les moyens de prévenir ce risque, puis les facteurs qui affectent l’usage d’une MNBC comme moyen de paiement et ses conditions de succès, et enfin la dimension internationale des MNBC.

La Banque de France a publié le 8 novembre son rapport sur les expérimentations de MNBC interbancaire menées en 2020 et 2021.  Le communiqué souligne que ces expérimentations avaient pour objectifs de « promouvoir le rôle de la monnaie de banque centrale, actif de règlement le plus sûr » et de « démontrer le potentiel d’une MNBC interbancaire pour sécuriser les transactions financières impliquant des jetons numériques et faciliter les paiements transfrontières ».

Plusieurs dirigeants de la Banque de France ont eu l’occasion de revenir sur ces expérimentations et, plus généralement, sur les enjeux des MNBC et de la digitalisation:    

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre et le Trésor britannique ont publié le membership du CBDC Engagement Forum et du CBDC Technology Forum. et les minutes de la première réunion du CBDC Technology Forum (qui s’est tenue le 28 septembre).

La Banque d’Angleterre et le Trésor britannique ont ensuite publié, le 9 novembre, un « Statement on CBDC next steps » qui annonce le lancement d’une nouvelle consultation en 2022 et détaille les phases à venir du projet. Il souligne qu’au cas où la décision serait prise de lancer une « UK-CBDC », celle-ci ne pourrait être opérationnelle que dans la  seconde moitié de la décennie (c’est-à-dire un horizon à peu près identique à celui de l’euro numérique) :

 “The 2022 consultation will inform a decision on whether the authorities are content to move into a ‘development’ phase which will span several years. A technical specification would follow the consultation explaining the proposed conceptual architecture for any CBDC (…) If the results of this ‘development’ phase conclude that the case for CBDC is made, and that it is operationally and technologically robust, then the earliest date for launch of a UK CBDC would be in the second half of the decade”.

Par ailleurs, Andrew Bailey et Jon Cunliffe (gouverneur et sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre) ont été auditionnés le 23 novembre par la Chambre des Lords. Cette audition de près de deux heures a été l’occasion d’un échange de vues très large sur la MNBC, principalement centré sur la MNBC retail,  mais évoquant également la MNBC wholesale.

Lire le verbatim (« oral evidence ») de l’audition d’Andrew Bailey et Jon Cunliffe

Enfin, toujours au Royaume-Uni, on notera l’annonce, le 14 octobre, de la création d’une « Digital Pound Foundation ». Celle-ci a notamment publié (le 15 novembre) un article intitulé « The retail versus wholesale debate: should retail and wholesale clearing and settlement of CBDC payments be separated? ».